Vrac, l’association : décryptage d’une initiative dédiée à l’ « assiette citoyenne »
Pauline Le Duc
Le « vrac » fait de plus en plus d’adeptes en France et en Europe. Acheter en vrac, c’est payer pour la marchandise telle quelle, sans emballage, sans plastique ni carton, libérée des couleurs vibrantes imposées par le marketing. C’est se servir soi-même du riz, des pâtes ou des légumineuses et les transporter dans son propre contenant (tupperware, pot ou sac en papier). Plus radicale que le simple recyclage, cette pratique lutte contre les emballages qui envahissent quotidiennement les étagères de nos cuisines, et se retrouvent ensuite dans les forêts ou océans.
Cependant, dans certaines villes, à Lyon ou Bordeaux, VRAC veut dire quelque chose de plus : « Vers un réseau d’achat en commun ». Cette association s’engage pour le bien-manger et une assiette plus écologique. Sur leur site web, tout en rouge et or, leur motto est simple : il s’agit de favoriser l’accès du plus grand nombre à des produits de qualité issus de l’agriculture paysanne, biologique, équitable.
Mais, à l’heure des nombreuses enseignes biologiques qui se multiplient à travers l’hexagone, quelle est l’intérêt de cette nouvelle offre ? Interrogé sur France culture, dans l’emission culinaire «Les Bonnes choses », Boris Tavernier, le créateur initial, défend le choix de s’installer dans les quartiers prioritaires. Il parle de la double- peine : « vous n'avez pas forcément les moyens de bien consommer et, en plus de cela, il n'y a pas toujours d'offre sur votre territoire. ».
Il y a un phénomène de desert alimentaire dans les quartiers moins favorisés, éloignés des épiceries biologiques, des grandes surfaces et des hypermarchés.
De plus, l’alimentation biologique reste encore aujourd’hui, 30 % plus chère que l’alimentation classique. Ainsi, le fait de consommer bio est très souvent perçu comme un marqueur de classe, plutôt supérieure, et l’offre se concentre dans l’hyper-centre des grandes villes.
Alors, pour casser l’image d’une alimentation bio uniquement réservé aux classes supérieures, et pour changer les mentalités, VRAC s’appuie sur le gout des aliments. En proposant des dégustation de produits, l’idée est de montrer que les aliments biologiques sont souvent meilleurs gustativement que ceux issu du commerce traditionnel. Ensuite, c’est possible d’adhérer à l’association pour un prix modique, et pouvoir commander mensuellement huile d’olive, jus de pommes , dattes, ou farine de blé. Sans intermédiaires, achetés directement par l’association chez des petits producteurs, le prix des produits est bas, mais juste.
Créée en 2013, VRAC s’installe premièrement à Lyon, capitale de la gastronomie française, puis ouvre rapidement à Bordeaux, Paris, ou Strasbourg... Toujours en périphérie, elle est présente dans plus de 14 territoires. Au delà d’une offre commerciale, l’association organise plusieurs type d’événements : des concours de cuisines, des ateliers pour sensibiliser au changement climatique... Toujours avec le but de favoriser la mixité sociale et de sensibiliser à l’écologie.
Aujourd’hui, partenaire de la fondation Européenne pour le climat, l’association raffle les prix.
En 2021, elle devient lauréate de France Relance, un plan de soutien aux associations de lutte contre la pauvreté, ce qui laisse espérer pour la continuité de cette initiative.
Sur la vidéo de présentation, une adhérente s’enorgueillit :
« Ça se passe au niveau des quartiers, qui d’habitude ont moins accès aux choses. Là c’est l’inverse. Les gens nous l’envient un petit peu ».
Serait-ce le signe d’une vraie évolution ?